Interview de Diamanda Callas

C: Alors j’ai la chance aujourd’hui d’être avec Diamanda Callas

D: Oh la chance, la chance, comme vous y allez.

C: J’ose, j’ose tout.

C: Est-ce que tu pourrais te présenter, présenter ton art en quelques mots et dire ce qui t’emmène à Bordeaux?

D: Alors je m’appelle Diamanda Callas, je suis artiste de cabaret, créature travestie, drag queen, chanteuse, comédienne quand il le faut et clown surtout. Je travaille chez Madame Arthur à Paris et c’est pour le spectacle qu’on monte chez Madame Arthur. Madame Arthur fait farmer qu’on vient à Bordeaux au Théâtre Fémina. Donc je suis là pour faire un petit peu de promo pour le spectacle. Un spectacle qui sera donc consacré au répertoire de Mylène Farmer.

C: On a hâte vraiment.

D: Bah, nous aussi, on est venu déjà il y a quelques temps pour une spéciale Dalida au Théâtre Fémina et l’accueil a été exceptionnel, c’était vraiment incroyable. Donc ouais, on a hâte de revenir.

C: T’as déjà commencé à y répondre, mais tu as déjà largement fait tes preuves en tant que créature chanteuse travestie. Quelles sont les autres cordes à ton arc ?

D: Je crois que le truc le plus surprenant, en tout cas ce que moi j’ai découvert en commençant le drag, c’était l’humour. Quand j’ai commencé à faire du cabaret, je me suis vite rendu compte que la chanson, bah en fait c’était 40% du truc et qu’en fait les 60 autres c’était plutôt du stand-up. Et du coup, je crois que c’est ça le côté clown que je découvre. Après, j’ai pas largement fait mes preuves. Je crois qu’on n’a jamais fait ses preuves surtout en tant qu’artiste Queer, on doit continuellement les faire. Mais en tout cas, voilà, on continue et on évolue, on s’adapte et on prend du plaisir.

C: Génial. Si ça te va, on fait un petit portrait chinois musical.

D: Ouais.

C: Donc en trois thématiques, si Diamanda était une chanson des années 2000 ?

D: « Bring Me to Life » d’Evanescence.

C: Oh, j’adore.

D: Oui, je crois que la première fois que je l’ai entendu dans la voiture avec mon papa, je me souviens de la scène, et malheureusement ça a ouvert la voie à une carrière de fan hardcore. Forum, je les attends après les concerts, j’essaie de trouver des éditions rares de disques sur eBay. Donc ouais, ça a pas mal déclenché les choses pour Diamanda, je crois.

C: Et t’as déjà performé sur Evanescence ?

D: Écoute, heu non, parce que fin, j’y ai touché vite fait un petit peu, mais heu, mais j’ai envie de bien le faire et donc pour ça j’attends un spectacle spécial gothique ou quelque chose dont je serais ravi de m’occuper en mise en scène et tout ça parce que c’est vraiment mon univers. Donc non, j’attends le bon moment.

C: Génial, si Diamanda était une chanson queer ?

D: « Let’s Have a Kiki », voilà une de mes préférées et un mood parfait pour faire la fête.

C: Si Diamanda était une chanson honteuse ?

D: « Bring Me to Life » d’Evanescence, hum non, mais moi je crois pas qu’il faille avoir honte de ses goûts musicaux. Je crois que non, faut pas avoir honte.

C: Y’en a aucune que t’écoutes seulement avec tes écouteurs ?

D: Alors attends, faut que je réfléchisse, alors si y’en a une que je pourrais avoir du mal à assumer, c’est « I Turn to You » de Mel C, premier album de l’ancienne Spice Girl. C’est un gros banger qui est vraiment mal enregistré avec une vieille prod et je l’adore. Mais je l’ai assumé y’a pas longtemps, puisque j’ai découvert la joie d’avoir un lecteur CD dans la bagnole que je viens d’avoir, parce que je viens d’avoir mon permis à 34 ans.

C: Félicitation.

D: Merci, et du coup j’ai acheté dans un Gibert Joseph à Bordeaux justement un CD de Mel C. Je l’ai écouté à tue-tête avec mon partenaire dans la voiture. Donc non, on assume. On assume toujours, ouais.

C: Allez!

C: Est-ce que tu te définis comme militante ?

D: Je crois que le militantisme il est inhérent à qui on est, à notre identité, donc forcément oui. Après est-ce que je m’engage plus largement, heu, ouais bien sûr ; Je suis pas sûr que le drag puisse combattre activement toutes les causes, mais en tout cas dès qu’on peut faire quelque chose on le fait.

C: Est-ce qu’il y a eu un changement justement quand tu as commencé à faire du Drag ? Est-ce que ça t’a rendu plus militante ?

D: Je crois que la découverte du Drag m’a beaucoup appris l’empathie et m’a surtout sorti d’un système professionnel ultra capitaliste, même si évidemment le drag s’inscrit aussi dans le capitalisme parce que bah en fait on vit dedans, mais ça m’a surtout sorti la tête du monde de l’entreprise. Ça m’a fait me rendre compte des vraies choses. Ouvert les yeux avec davantage d’empathie sur le monde. Et je pense que c’est à peu près au même moment où j’ai vraiment appris l’importance de l’intersectionnalité des combats. Donc ouais, je pense que… en tout cas je sais pas si c’est le drag qui m’a rendu plus militante, mais en tout cas c’est arrivé main dans la main dans ma vie. Voilà.

C: On a de la chance de t’avoir en activiste. Est-ce que tu connais la scène drag ou la scène queer Bordelaise ?

D: Alors en fait je suis très peu venu à Bordeaux. On est venu, bah, pour ce spectacle-là et heu je suis passé en plein été où tout était un peu fermé là. Donc je connais quelques artistes par réputation, Jeminikey, la Maryposa avec qui j’ai un peu bossé et que j’adore, c’est vraiment quelqu’un de bienveillant, de chouette, et qui organise des supers events. Heu après voilà, je connais pas personnellement beaucoup de personnes de la scène queer à Bordeaux, mais j’ai hâte de découvrir.

C: Génial !

D: On est prêt à toutes les suggestions pour les scènes du spectacle.

C: Oh, on adore !

D: On vous suivra avec plaisir du moment que c’est cool, que c’est safe, que c’est queer et que c’est chouette.

C: C’est exactement le genre de chose qu’on fait, le mot va être passé, hein.

C: Génial, ma question c’est avec qui aimerais-tu collaborer dans le monde queer Bordelais, mais là du coup on a déjà Marypo avec qui tu as déjà.

D: Bah écoute, avec tout le monde qui veut bien de nous. Je crois que le drag c’est quand même un super endroit de rencontre avec des gens qui ont des vécus hyper intéressants. Et puis moi je viens de Toulouse, je viens du sud-ouest, donc c’est toujours un plaisir de retourner en sud-ouest pour bosser avec des gens trop sympa.

C: Bah merci beaucoup pour ton temps en tout cas.

D: Avec grand plaisir.

C: Hâte de te revoir à Bordeaux.

D: Tu seras là du coup au spectacle ?

C: Oui!